L’épargne des Français

L’épargne des Français en 2021 : évolution et tendances

La crise sanitaire de la Covid-19 aura-t-elle constitué un tournant pour l’épargne des Français ? Confrontés au confinement, les Français ont accumulé une épargne forcée conséquente. Le prix des actifs (bourse, immobilier) a, par ailleurs, continué à tutoyer des sommets historiques. Si la digitalisation accélérée de l’économie a favorisé l’émergence de nouveaux actifs (cryptomonnaies, NFT…) et de nouvelles offres, certains placements plébiscités (assurance-vie, livret A) souffrent de taux devenus négatifs. Pourtant, les Français ne semblent pas avoir changé fondamentalement leurs habitudes en termes d’épargne. Retour sur les principales composantes de l’épargne des Français.

Quel est le montant de l’épargne en France ?

Pour l’instant, la crise de la Covid-19 n’a pas entrainé la catastrophe annoncée. Les prix des actifs ont continué à augmenter, jusqu’à atteindre des niveaux historiques. Par ailleurs, les ménages dont les revenus ont été soutenus par les politiques publiques en ont profité pour épargner toujours plus.

Au niveau mondial une année record pour les patrimoines…

Selon le Global Wealth Report 2021 publié annuellement par la banque Credit Suisse, la richesse par adulte dans le monde avait progressé de 7,4% à un nouveau record de 79.952 dollars en moyenne par adulte. Pour la première fois, le nombre de millionnaires en dollar a dépassé 1% des adultes.

Par ailleurs selon la liste mondiale des milliardaires publiée par le magazine Forbes : entre avril 2020 et avril 2021, le nombre de milliardaires est passé à 2700 (+660) avec un patrimoine global de 13000 milliards (+5000 milliards). Bernard Arnault, homme d’affaires français et propriétaire de LVMH, a même brièvement détenu le titre d’homme le plus riche de la planète avec une fortune estimée à 186,5 milliards dollars.

Qu’en est-il de la situation des Français ?

Épargne financière et non financière des Français : définitions

Pour aborder l’épargne et le patrimoine des ménages français, il faut prendre en comptes les notions suivantes :

L’épargne financière, elle comprend à la fois le « bas de laine » (ou les éléments de thésaurisation en liquide tels que les comptes courants), et les placements financiers plus classiques (SICAV, fonds, actions, dépôts à terme, obligations) ainsi que les livrets réglementés (PEL, livret A…) ;
L’épargne non financière, elle comporte principalement des actifs immobiliers, tels que le logement.

Par ailleurs :

Les biens durables (bijoux, voitures, œuvres d’art, équipements de la maison…) ;
Les biens professionnels.

On distingue enfin le patrimoine brut (valeur vénale de marché de chaque élément composant le patrimoine) du patrimoine net une fois déduits les éventuels emprunts en cours.

Concernant le taux d’épargne (c’est-à-dire la part du revenu non consommée) on effectue également la distinction entre taux d’épargne financière et non financière.

On peut aussi faire une distinction au niveau du patrimoine entre des investissements productifs et non productifs. L’un des soucis récurrents des gouvernements ayant été d’orienter l’épargne vers des secteurs productifs (l’apparition du crowdfunding participe de ce mouvement), ou bien de favoriser la consommation pour soutenir l’activité au détriment de la thésaurisation.

Crise sanitaire : quel impact sur l’épargne des Français ?

Alors que les revenus des Français ont été relativement préservés pendant la crise sanitaire (notamment les retraités et les tranches aisées en télétravail), ces derniers ont par ailleurs mécaniquement réduit leur consommation du fait des restrictions forcées (confinement, absence d’opportunités de consommation) et d’une certaine prudence. Accumulant ainsi un niveau d’épargne historiquement élevé. Ce mouvement semble avoir d’ailleurs concerné de nombreux pays (même si les mesures de soutien à l’économie, les conditions bancaires sur les dépôts, avec parfois des taux négatifs, ont différé selon les pays).

La cheffe économiste de la Direction Générale du Trésor, Agnès Bénassy-Quéré a livré une analyse éclairante dans son article « D’où vient l’argent ? ». Elle y aborde le circuit des flux financiers pendant la crise : soutien du pouvoir d’achat par l’État et les entreprises, thésaurisation importante par les ménages, ressources financières réinjectées dans les entreprises via l’État et les prêts bancaires (PGE, aides).

Jusqu’ici la consommation était restée déprimée à l’inverse du revenu disponible. Le rythme de reprise de la consommation et la vitesse à laquelle sera dépensée le bas de laine accumulé conditionneront en grande partie l’amplitude du rebond de l’économie.

Combien épargne un Français en moyenne ?

La Banque de France estime que la crise de la Covid-19 et les restrictions sanitaires auront entrainé un surplus d’épargne de 200 milliards d’euros en 2020 et 2021. Cela aura été la conséquence principale d’un double phénomène :

Des revenus qui ont souvent été préservés (possibilité de télétravail pour les classes aisées, actions de l’État avec des mesures de chômage partiel) ;
Une baisse des occasions de consommer (sorties, restaurants, loisirs, voyages…).

La situation a varié relativement au type de ménage, selon l’INSEE :

Les 25% de ménages les plus aisés ayant épargné 10 000 euros en moyenne en 2020 ;
Les 25% de ménages avec un patrimoine le moins important ont épargné 218 euros en moyenne.

Cela corrobore les conclusions du Conseil d’Analyse Économique de 2020 selon lequel la moitié du surplus d’épargne durant le confinement a concerné les 10% de ménages les plus aisés (le seuil étant de 2/3 pour les 20% les plus aisés). Alors qu’à l’inverse, les 20% de ménages les plus modestes n’ont pas pu significativement épargner. Selon la Banque centrale européenne, les plus de 65 ans avaient pu augmenter leur épargne de 5% alors que les moins de 30 ans n’ont pas pu épargner.

Cette conclusion a une certaine logique : les classes aisées ont vu leurs revenus être plutôt préservés alors que par ailleurs elles étaient les plus concernées par le type de consommations (hôtellerie-restauration, voyages, loisirs, culture) impactées par la crise. Les tranches les plus pauvres ayant une consommation comportant une part plus importante de produits de première nécessité ou essentiels et par ailleurs des dépenses contraintes (loyers, remboursements, 41% contre 28% pour les foyers aisés).

L’évolution des revenus a également eu son importance avec une différence secteur public/secteur privé plus exposé malgré les aides, notamment les populations travaillant dans le secteur de l’intérim.

Des taux d’épargne historiquement élevés du fait de la Covid-19

Ce surplus d’épargne issu de la crise de la Covid-19 a trouvé son illustration dans un taux d’épargne historiquement élevé, au plus haut depuis 40 ans. Ce mouvement touchant la plupart des pays européens.

Source : https://www.banque-france.fr/statistiques/epargne-et-comptes-nationaux-financiers/epargne-des-menages/presentation-trimestrielle-de-lepargne-des-menages

Le taux d’épargne a atteint un niveau historique, le plus élevé depuis 40 ans (il avait commencé à baisser au-dessous de 20% avec les crises pétrolières).

Dans un mouvement de hausse généralisée, les taux d’épargne ont néanmoins le plus progressé dans les pays où ils étaient relativement faibles (USA, Royaume-Uni…) en comparaison aux pays avec un taux déjà élevé tels que la France ou l’Allemagne. Cela s’explique par le fait que les pays où les populations étaient les plus dépensières ont été privés d’opportunités de consommation, entrainant ainsi une « épargne forcée ».

Le patrimoine des Français

L’épargne globale des Français (financière et non financière) est de l’ordre de 12 400 milliards d’euros. L’immobilier y tient une part prépondérante.

L’épargne des Français

Dans sa dernière étude « Épargne et Patrimoine des Ménages » parue en 2021, l’INSEE fait état de différents éléments concernant le patrimoine des Français :

50% des Français avaient un patrimoine brut supérieur à 163 200 euros, en 2018. Composé à 61% d’actifs immobilier et 20% d’actifs financiers ;
Le patrimoine immobilier est largement majoritaire chez les Français entre le 4ᵉ et le 9ᵉ décile. Celui-ci est inexistant chez le décile le moins aisé (le patrimoine étant constitué d’éléments résiduels) ;
Les 50% au-dessus de la médiane représentent 92% du patrimoine brut de l’ensemble des Français.

Source : Insee Références, Revenus et patrimoine des ménages – Edition 2021

Une épargne insuffisamment investie dans des actifs risqués

Lorsque l’on fait un focus sur les actifs financiers, on s’aperçoit que les Français possèdent une épargne financière insuffisamment investie en actifs risquées avec :

Assurance vie : 40%
Comptes courants et livrets : 36%
Valeurs mobilières (actions, obligations…) : 14%
Épargne salariale : 10%

Seuls 21% des Français détiennent des actifs risqués. Un biais qui se retrouve en Europe continentale. Ce comportement n’est pas très cohérent avec les objectifs affichés par une majorité de Français disant viser un rendement de 5%/an. Par ailleurs, cette aversion au risque se retrouve dans le fait que 75% « préféreraient ne rien gagner que de risquer de perdre ».

Cette nécessité de respecter un couple risque/rendement cohérent, et celle d’une certaine prise de risque ont été mises en exergue par les nouvelles stratégies des assureurs-vie. Ceux-ci ont baissé les rendements de leurs fonds euros. Des assureurs tels que Generali ont ainsi commencé à conditionner l’accès à leurs fonds euros garantis. Leur rendement a par ailleurs baissé, atteignant 0,8% en 2020. Cet assureur a parallèlement lancé certains contrats d’assurance-vie 100% UC.

Des nouvelles classes d’actifs tels que le crowdfunding peuvent permettre désormais de démocratiser l’accès à divers types actifs (actions, obligations) non cotés pour financer directement l’économie réelle avec des montants unitaires permettant de diversifier au mieux cette épargne.

L’exposition au risque augmente cependant avec la surface financière des ménages (ce sont ceux qui disposent généralement par ailleurs d’un matelas d’actifs immobiliers considérés comme des valeurs refuges). Ainsi parmi les 1% représentant les plus gros patrimoines, 76% détiennent des actions en direct et 70% des contrats d’assurance-vie en unité de compte.

Un patrimoine inégalement réparti

Outre la concentration du patrimoine chez une moitié de la population, on observe également un biais générationnel. Cela correspond à une certaine logique : les gens les plus âgés ayant accumulé leur patrimoine sur une plus longue période.

Toutefois, ce constat est aussi lié au fait que les générations les plus âgées ont bénéficié de la hausse des prix de l’immobilier qui constitue encore la grande majorité des actifs des Français.

Par ailleurs, du fait de l’augmentation de l’espérance de vie, les successions interviennent plus tardivement (malgré les possibilités de faire désormais de donations régulières en franchise d’impôts).
Un renforcement des inégalités depuis la crise financière de 2008

Sur 20 ans, la hausse du prix des actifs a entrainé une augmentation des inégalités entre 1998 et 2018, accentué par la crise de 2008. Ainsi sur cette période de 20 ans :

Le patrimoine brut des 10% les plus aisés a augmenté de 77% en euros constants ;
Contre une baisse de 58% en euros pour les 10% en bas de l’échelle.

L’augmentation des inégalités est avant tout liée à l’augmentation des prix de l’immobilier (141 % entre 1998 et 2018) qui a profité aux ménages les plus aisés. L’augmentation du patrimoine financier (qui a continué récemment avec l’augmentation de la bourse à des niveaux records malgré la Covid-19) a également profité aux ménages les plus aisés qui possèdent par nature une part plus importante d’actifs risqués.

Globalement, les politiques expansionnistes intervenues et la baisse continue des taux, depuis la crise financière des Subprimes, ont joué un rôle important dans l’augmentation des inégalités.

D’un côté, les politiques expansionnistes diminuent la rémunération de certains actifs (dettes, produits de taux) ce qui pèse sur les revenus des plus aisés. De l’autre, un accès à des conditions d’emprunts privilégiées a permis aux plus aisés de s’endetter massivement, et ce, afin de faire jouer l’effet de levier. Dans le même temps, la baisse des taux a facilité le financement des politiques publiques dans l’optique de soutenir l’économie et les entreprises. Cela a aussi fait augmenter mécaniquement la valorisation et le prix des actifs.

Évolution récente du patrimoine (2019-2020)

Avec la Covid-19, les Français ont continué à accumuler de l’épargne, notamment vers des comptes courants et actifs liquides.

On retrouve cependant une propension à prendre plus de risques chez une partie de la population — sans doute encouragée par les dynamiques récentes et les perspectives de reprise — allant vers des actifs plus risqués et non garantis (bourse, ou UC qui constituent 40% des nouveaux contrats : un niveau jamais atteint depuis le début des années 2000). Contribuant ainsi à la création d’une épargne à deux vitesses.

Les Statistiques Trimestrielles de l’Épargne des Ménages de la Banque de France montrent que les ménages avaient ainsi accumulé 200 milliards (114 milliards en dépôts à vue, et 86 en dépôts bancaires rémunérés) entre fin 2019 et mi-2021.

L’épargne immobilière à un sommet

Le patrimoine net des ménages a fortement augmenté depuis la fin des années 90. Au début de l’année 2020, les actifs non financiers représentaient en moyenne l’équivalent de 6,0 années de Revenu Disponible Net (RDN), contre 3,1 années en 1998. Cela tient à l’appréciation de l’immobilier et aux bonnes conditions d’emprunts qui ont permis de maintenir le pouvoir d’achat immobilier des ménages :

Malgré un taux stable de 58% de propriétaires en France, et des primo-accédants souvent exclus, l’immobilier reste un actif plébiscité ;
Un tiers des ménages a un crédit immobilier en cours, un niveau historiquement élevé ;
66% des prêts pour l’investissement locatif sont accordés sans apport ;
L’allongement des durées des prêts ainsi que la baisse continue et historique des taux ont tous deux entretenu la hausse de l’immobilier.

L’engouement ne semble pas près de se calmer. Ainsi, selon une enquête récente Ifop Cafpi : 28% des Français envisageraient d’utiliser le surplus d’épargne, soit près de 200 milliards, accumulé pendant la crise sanitaire pour un projet immobilier. De plus, 45% pensent avoir les moyens suffisants afin d’acquérir un bien, dont 55% étant déjà propriétaires et 32% locataires. Cette différence est cohérente avec le fait que ce sont les ménages les plus aisés (et par ailleurs majoritairement propriétaires de leur logement) qui ont pu épargner significativement pendant la crise sanitaire.

Quelle est l’épargne moyenne des Français ?

Le patrimoine médian des Français est de 163 000 euros ;
Les dépôts à vue et comptes rémunérés représentent 27 600 euros par français.

À combien s’élève l’épargne totale des Français ?

L’épargne brute des Français est de l’ordre de 12 400 milliards d’euros.

Combien épargnent les Français par mois ?

On observe une différence entre les Français à la fois parce que les classes aisées ont des revenus plus élevés, mais également un taux d’épargne plus important.

Source : http://www.observationsociete.fr/revenus/epargne-revenu.html

Épargne et Covid ?

Il est estimé par la Banque de France que les Français auront accumulé un surplus d’épargne de près de 200 milliards d’euros en raison de la crise sanitaire. Les Français ont privilégié majoritairement les placements sans risques et la thésaurisation.

Le taux d’épargne des ménages a par ailleurs atteint des niveaux historiques sur la période.

Source : INSEE / Banque de France

La Banque de France prévoit que 20 % de l’épargne accumulée durant les confinements sera consommée dans les deux années à venir. Cela permettrait de soutenir des taux de croissance économique proches de 6%.

Les Français sont plutôt confiants sur les perspectives économiques en cette rentrée 2021. Si les Français pensent privilégier un achat immobilier pour utiliser leur surplus d’épargne, l’achat d’une voiture ou d’un voyage sont également envisagés.

Selon l’Insee, la confiance des ménages a augmenté à 102 (+3 pts), repassant au-dessus de la moyenne de longue période (100) de cet indice. Les Français sont plutôt optimistes sur leur niveau de vie, encouragés par la bonne tenue du marché de l’emploi ainsi que de l’économie.

Les sujets de l’inflation, la hausse des coûts et des ruptures d’approvisionnements industriels pourraient freiner la reprise.

Source : Wesharebonds

Thank you for reading this article. Share please.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire